Deuxième pointe de Tom au Petit Goul de Tourne (France)
On l'appelait Tom Pouce (Jacques Brasey)
Photos de Gérard Truffandier
La suite du journal spéléo de Tom mérite d'être entièrement relatée, car elle contient le récit de sa plus longue et profonde plongée spéléo "Ma. 7 juillet - Ve. 17 juillet - Petit Goul de Tourne - Tom, Isus, Cyrille, Arno, Michael, Truffe, Philippe Bonpas -
Mardi 7 Mercredi 8 Pour ma part, j'ai plongé en humide avec le bi-18. Equilibrage presque bon, il y a environ 2 kg de trop, mais ça ne gène pas trop dans ce siphon. Essai de photos avec mon petit Nikon L35 AW, qui semble bien supporter les 12 m de profondeur. Jeudi 9 Vendredi 10 Samedi 11 Dimanche 12 Lundi 13 Mardi 14 Au total, 7 h 50 de paliers, pour 1 h 30 de plongée. A partir de - 9 m, j'utilise le circuit fermé à Olivier, pour respirer l'oxy. Je ressort 9 h 20 après mon départ. Plongée super, pas de problème, belle pointe, paliers agréables et peu pénibles, je n'ai pas eu froid (4 x 20 1). | par Gérard Truffandier Par Gérard Truffandier par Gérard Truffandier par Gérard Truffandier par Gérard Truffandier par Gérard Truffandier |
Le Goul de la Tannerie
RETOUR AUX SOURCES
par Olivier Isler
Bourg-St-Andeol, petite agglomération jouxtant le Rhône aux portes de lArdèche est connue des plongeurs en siphon pour la beauté de ses sources. Tout particulièrement le Petit Goul ou Goul de la Tannerie, considéré comme une classique où depuis près de vingt En 1976, le G.E.P.S. de Marseille découvre la galerie sur près de 750 mètres, sarrêtant à 45 mètres de profondeur. Ce défi, javais décidé de le relever, car jai toujours aimé cette source qui, si elle ne représente peut-être pas la quintessence des difficultés que lon peut rencontrer en plongée souterraine, reste un sacré challenge. Quon en juge: on doit négocier plusieurs En 1987, une reconnaissance poussée confirmait nos craintes: un fil standard en nylon ne pouvait résister longtemps aux crues. Seule alternative valable: la pose dun câble résistant jusquau haut du puits terminal. Ceci fut fait en 5 plongées de rééquipement-nettoyage de 4 heures 30 à 6 heures 45 de durée. La suite pouvait enfin être abordée avec plus de sérénité. En Juillet 1992, mon ami Jacques BRASEY pouvait enfin rajouter une trentaine de mètres au terminus de Bertrand, atteignant -137 m, en une plongée de 9 heures trente. Le manque de temps mempêcha de tenter à mon tour une incursion. Trois mois plus tard, le drame: Jacques meurt à la sortie dune source sarde, bloqué sous des rochers dans moins dun mètre deau. Nous sommes effondrés: notre groupe est décapité par la perte de lun de ses meilleurs éléments. Suit une longue période de remise en En Avril, je replonge sur les traces de Michael dans la zone profonde. Bonne surprise: le câble na pas bougé et nous apparaît dans un état de fraîcheur inhabituel.Pour la grande plongée prévue pour lascension (quel paradoxe !!), je décide de mentourer de toutes les Vendredi 24 Mai, 17 h 30. Samedi 25. Dimanche 26. Je respire un NITROX 60% sur mon ventral 15 l. Je progresse très lentement pour éviter de méchauffer et transpirer, car, Passage sur le dorsal et nouveau puits en spirale aboutissant à - 88. En passant à -101 m, jaccroche un vieux fil qui pend en travers de la galerie. 2 à 3 minutes de perdues à se dégager et à le couper. Le grand puits enfin ! Dépôt du scooter dont lutilité dans ce type La remontée se fait en force, après avoir vidé mon flacon destiné à mon équilibrage. Je gonfle mon sac dorsal, car la collerette de ma - 36: passage au Nitrox 40%, -24 au 50%, - 12 au 60%. Arrivée de Patrick, mon fidèle compagnon de longue date, assisté de Michael. But: enlèvement des "boosters" (bouteilles latérales) de mon quadri. Opération plus difficile que prévu. Au vu du manque de visibilité, Olivier Isler |
Participants
France: Fred MARTIN, Claude HUREY, Daniel DUMAS, Patrick SERTEL ( SPELEO 84)
Patrick JOLIVET (Vendôme), Sylvain REDOUTAY (Vesoul)
Michel LEONARD (Angoulême)
Suisse: Michael WALZ, Olivier ISLER
Remerciements.
France
Jean- Pierre IMBERT qui ma conçu des tables remarquables defficacité.
Michel PLUTARQUE, Directeur commercial de COMEX PRO Pour la mise à disposition
de 2 détendeurs TEKSTAR.
Thierry LEBORGNE (PLONGESPACE)
Suisse
Heinz RUCHTI (UWATEC)
Gaston WILLOMMET (LECLANCHE)
Maurice RAY (OXYBLUE)
Corinne RAPIN DEFRANCESCO (BLOW WAVE)
Manuel LOBOS (GRAND BLEU)
Gérard GRIN (CORTE S. A.)
Jean-Daniel LIN (MIAUTON)
Michel SCHAFFERT (CONSTRUCTION THERMOPLASTIQUE)
Récit (frayeur)
Yves Segond de la société Spéléologique de Namur (Belgique) -1984.
Le plongeur connaît la source jusqu'à 400m de l'entrée, il y a déjà plongé à 3 reprises.
(
) Après l'étroiture (120m), je commence ma progression en solitaire. Je dispose d'un 2 x 7l et mon mano m'indique 180 bars. Parti avec 210 bars, si j'applique la règle des tiers, je dois faire demi-tour à 140 bars.
Arrivé à la fourche séparant la galerie en deux (290m), j'opte pour le passage de droite, ayant déjà eu l'occasion de passer par la gauche.
Je dispose d'un Aqua-Flash plus un second en réserve. Malgré l'exceptionnelle clarté de l'eau, je ne vois que le fil d'Ariane et la section de la galerie se découpant dans un halo bleuté. Tout se passe pour le mieux, je me sens bien, le matériel est au point et ne me gène pas. Je m'applique donc à suivre le fil et à surveiller mon mano.
A 150 bars, je décide de faire demi-tour, je pourrais encore consommer 10 bars, mais en siphon on n'est jamais trop prudent.
Au retour, l'eau a perdu sa limpidité, et plus j'avance, plus elle se trouble pour devenir franchement sale.
Il n'est plus question de lâcher le fil si je veux retrouver la sortie
Après dix bonnes minutes de progression dans ce " Beh-beh ", je m'étonne de ce phénomène que je n'avais pas remarqué lors de ma précédente plongée.
Mais il est vrai que le siphon a été très fréquenté cette semaine et nous avons sans doute décollé la " pulpe " du plafond.
Et puis c'est la surprise ! alors que je me croyais aux abords de l'étroiture, je suis au-dessus du ressaut de 8m, à 400m de l'entrée. Mon manomètre indique 100 bars. Que s'est-il passé ?
Je ne vois qu'une seule explication : à l'aller, je n'avais pas vu que je rejoignais la galerie principale et, alors que je croyais progresser vers le fond, je revenais dans la deuxième galerie ; ainsi quand j'ai fait demi-tour je me suis enfoncé vers le fond.
Maintenant il s'agit de revenir et surtout de ne pas paniquer, mais un flot d'images se déverse dans ma tête, l'angoisse s'empare de moi et me fait respirer trop vite. Heureusement je me ressaisis, après tout, en faisant un détour, j'ai consommé 110 bars pour venir ici. Les 100 bars qui me restent devraient suffire si je n'ai pas de problèmes au retour.
Or, après un bon moment de progression sans encombre, le doute me saisit ; je me dirige à nouveau vers le fond ! Comment cela est-il possible ?
Je n'en sais rien, mais j'en suis sûr. Je reviens donc en arrière et me retrouve au carrefour des trois fils.
Je suis complètement désorienté, je ne sais plus d'où je viens et surtout pas où aller. Je regarde mon mano : 60 bars. Où suis-je ?
De toute façon c'est foutu ! j'ai quarante minutes de plongée et il me reste moins d'un tiers de mon air. Je ne sortirai pas d'ici vivant. Je suis à deux doigts d'une nouvelle panique, mais à nouveau heureusement mon instinct de conservation l'emporte.
Il faut coûte que coûte choisir un fil et le suivre jusqu'au bout en espérant que ce soit le bon. Je dois économiser mon air au maximum mais cela n'est guère facile avec cette angoisse en travers de la gorge.
Il me reste un espoir si je suis sur le bon fil. Dehors Gérard doit certainement s'inquiéter et sans doute va-t-il venir à ma rencontre, auquel cas je pourrai m'emparer de son deuxième détendeur
30 bars. Suis-je sur le bon fil ?
Oui, je reconnais à présent de gros galets noirs qui se trouvaient près de l'étroiture, enfin un point de repère, cette fois je peux m'en sortir.
Encore quelques mètres et voilà l'étroiture. Ma respiration sur le coup se fait plus pressante, mais rien n'est encore gagné, il faut que je me calme car je suis toujours seul à 100m de l'entrée avec moins de 25 bars et je sais que la galerie qu'il me reste à parcourir est semée d'embûches qu'il faut contourner.
Je me tire sur le fond au maximum pour économiser mes forces donc mon air. Je viens de passer le cap fatidique des 5 bars lorsqu'une lueur bleue familière m'éblouit. Jamais je n'avais été aussi content de la voir, mais jamais non plus jusqu'à ce jour je n'avais douté de la revoir.
Je crève la surface un bras en l'air en faisant le signe OK de ma main tendue.
Le Goul de la Tannerie -180m au recycleur
par Sylvain Redoutey Avril 2003 |
Le week-end de Pâques 2003 a été particulièrement fructueux, -180 mètres de profondeur au recycleur après un parcours d'environ 1200 mètres de distance et 12 h 30 de plongée totale . Vendredi un impressionnant convoi va parcourir la galerie jusqu'à la zone des paliers, Frédérique pousse le bidon remplit de bouteilles 2 x 10 ; 2 x 7 ; 2 x 4 et marquera les zones dépassant -6 mètres de profondeur pour ne pas risquer une hyperoxie car une partie du dernier palier sera effectuée sur le trajet retour. Daniel amène seul la cloche puis la monte et l'installe à - 9, Claude prend en ventral les 2 bouteilles pour sa plongée du lendemain plus 3 x 4 litres . Le samedi il ne reste plus que le petit recycleur et ses deux quatre litres à déposer à -70 et un autre recycleur O2 pour les paliers à -9 et -6 . C'est Claude qui aidé d'un mélange trimix va réussir une mise en place parfaite malgré la mauvaise fixation entre le recycleur et ses deux bouteilles et une palme qui se détache . Frédérique lui fait l'assistance au palier pendant que Jacques et Roland dégage le rétrécissement situé à environ 100 mètres de l'entrée. Le soir la totalité de la chaîne de décompression est en place. Dimanche matin la longue séance d'habillage commence, et la mise à l'eau ne se fera qu'en fin de matinée. Je m'équipe facilement car le RS 2 ne pèse que quelques kilos dans l'eau, il est monté de 2 x 20 litres auxquels je rajoute 2 x 9 litres de trimix intermédiaire sur le côté et 2 x 4 litres de nitrox 60 en ventral. Il est 12 H 15 lorsque je pars, Frédéric passe devant pour me guider sur les 700 premiers mètres. Il a sur le dos un tri 20 litres (car pour éviter de refaire les 700 mètres, il m'attendra dans la cloche et fera le premier contact). À -18 je dépose mes deux quatre litres et je poursuis sur les deux neuf litres de trimix intermédiaire. À -70 j'effectue une dernière vérification du R.S 3 et ses deux bouteilles de quatre litres. Je m'accroche au zepp et j'arrive rapidement dans la partie horizontale d'environ 150 mètres qui se situe à une profondeur entre -90 et -102 le profil de cette zone est particulièrement accidenté et m'oblige à faire des changements de direction constamment avec le propulseur. Arrivé vers -110 je quitte mon engin car la galerie devient progressivement verticale, je continue à la palme en suivant deux fils d'Ariane celui de Jacques Brasey qui s'arrête à - 130 et celui d'Olivier Isler qui continue. Soudain vers les -160 j'aperçois la grosse bobine bien caractéristique de fabrication suisse, elle est la, quelques mètre plus bas (grand coup de chapeau pour les -165 en circuit ouvert) je la prends dans la main, aucun autre fils n'est accroché à son extrémité, pas de plomb non plus ! J'accroche donc le mien et me lance dans le vide. Lorsque mon compte à rebours retentit je suis à -180 mètres de profondeur, un becquet rocheux m'invite à stopper-là. J'enroule mon fils autour et le sécurise avec un élastique, je prends mon temps, je suis loin de mes tiers. Mais dans cette manoeuvre, j'échappe ma bobine qui descend en se déroulant je passe rapidement sous le becquet mais trop tard elle est perdue. A cet endroit la galerie est complètement verticale, la lumière de mes phares puissants n'accroche rien d'autre que les parois, en dessous , c'est le vide ! Jai vu à plus de 200 mètres de profondeur ! La remontée se fait sans problème j'effectue quelques premiers paliers dans le puits terminal, puis récupère mon propulseur qui me tire vers mes premières bouteilles palier. Malheureusement le R.S 3 en dépôt ne pourra fonctionner à cause d'une entrée d'eau. Arrivé à -60 je trouve la plaquette de Frédéric, il m'a loupé car j'ai perdu du temps dans la partie horizontale, de ce fait en surface, une certaine inquiétude s'installe , ils n'auront des nouvelles que vers 19 h. Mais déjà Claude arrive à son tour avec de la boisson chaude et la batterie pour le gilet chauffant (qui ne fonctionnera que dix minutes car des fils se sont coupés en bougeant), Il est 0 h 53 minutes lorsque j'émerge, toute l'équipe est là pour m'accueillir. La quasi-totalité de l'infrastructure a été désinstallée. Cette plongée a été effectuée avec un recycleur semi fermé redondant, sécurisé par un troisième circuit au premier palier. |
|
Le Goul de la Tannerie
209 M DE PROFONDEUR À PLUS D'UN KILOMÈTRE SOUS TERRE AVEC UN RECYCLEUR
par Sylvain Redoutey
Avril 2004
Goul de la tannerie
Quelques photos du Goul de la Tannerie ( Photo R. HUttler - GEOKARST )
Goul de la Tannerie